Garçon
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Garçon #7 : Je suis un homme imparfait, et c’est ok
J'avais envie de quelque chose de différent pour cet épisode. Alors je vous parle d'imperfection et de moments de vie.
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Je devais initialement parler de rupture, de deuil, et de différence entre le masculin et le féminin, sauf qu’aujourd’hui je n’ai pas envie.
Alors je vais suivre une envie, simplement.
La quête de la masculinité saine et consciente, c’est quand même pas évident tous les jours.
Alors aujourd’hui je vais parler d’imperfection.
Parce que ce n’est pas d’avoir un podcast sur le sujet qui me rend plus malin que les autres.
Ça ne me rend pas plus parfait
Ça ne me rend pas plus fort
Ça ne me rend pas meilleur
Ça veut juste dire que je me pose des questions, que je cherche des réponses, et que j’ai envie de partager ça avec toi parce que j’aime créer du contenu et le partager.
Je me dis que mon raisonnement peut t’aider à avoir de nouvelles idées.
Attention toutefois.
Dans cet épisode je ne vais pas être particulièrement inclusif
Je parle surtout de moi et des gens qui semblent me ressembler.
Je ne prétends pas être tous les hommes, toutes les masculinités
Je ne sais pas ce que vivent les trans, les gay, et tous les genres et sexualités que je ne connais même pas.
Je le rappelle, je serais ravi d’en parler avec quelqu’un de conscient et d’ouvert sur le sujet et d’en faire un épisode.
Simplement, je ne suis pas la bonne personne pour parler de ça.
J’aime particulièrement ce que disait Alexandre Astier, quand on l’interrogeait sur la PMA et le mariage gay pour savoir ce qu’il en pense.
Et il avait dit quelque chose comme : Ohlala, en fait je n’en pense rien, et je suis sur que je ne dois rien en penser.
Je ne sais pas ce qu’ils vivent, par quoi ils passent, et je suis sur que s’ils ont décidé de mener un combat, c’est qu’ils estimaient qu’ils devaient le faire.
Ce n’est pas à moi d’en penser quoi que ce soit.
Je suis d’accord avec lui sur le sujet.
C’est pour ça que je ne prends pas part aux mouvements sociaux qui ne me concernent pas directement.
Ma voix ne doit pas occuper l’espace, et surtout pas prendre celle d’une personne concernée alors que je ne le suis pas.
Ceci étant dit.
Dans ce podcast, je me place avec mes petits problèmes d’homme blanc hétéro cis-genre et qui se plaint de ses petits privilèges.
Si tu n’es pas content tu peux partir.
Je ne vais pas adapter mon discours.
Je parle de moi.
Et aujourd’hui, j’ai envie de parler d’imperfection.
Parce que si on demande bien entendu aux femmes d’être parfaites dans cette société, encore plus maintenant qu’avoir une carrière est devenu un signe de réussite du combat ; on demande aussi beaucoup de choses aux hommes.
Je ne sais pas si ce qu’on demande est légitime ou non.
Chacun choisit pour lui.
Moi, voici ce que je vis.
Très jeune on m’a dit : sois un homme, un vrai.
Aujourd’hui ça paraît presque un peur rigolo, mais ça a commencé comme ça.
Sois un mec.
Sois fort.
Sois soutenant.
Sois dur.
Sois performant.
Sois sensible en privé.
Sois machin
Sois truc.
Vous me faites chier.
Pourquoi je devrais être quoi que ce soit ?
Très tôt on nous dit sois un homme, mais personne ne nous dit jamais ce que ça veut dire.
On n’a pas de cours pour être un homme dans notre société.
Et plus la société change, plus elle gagne en conscience, plus c’est difficile de trouver la voie juste pour soi.
Je me souviens plus jeune de cette distinction entre les vrais mecs et les autres.
Il y avait l’archétype auquel il fallait ressembler.
Les premières injonctions.
Elles ont commencé tôt.
Mais déjà je me souviens que quelque chose clochait.
Si aujourd’hui je m’en sers bien dans les stéréotypes actuels, ce n’était pas le cas quand j’étais plus jeune.
J’étais un maigrichon timide, bien trop intellectuel pour vivre en société.
Je préfèrais être dans ma tête qu’au contact de cette masculinité que je trouvais déjà toxique et contre laquelle j’étais en rébellion.
Forcement, j’étais incapable de la produire.
Alors mon égo qui voulait me protéger a dit : de toute façon tu es plus intelligent qu’eux, c’est pour ça, tout s’explique.
En vrai, je ne suis plus rien ou moins rien, j’étais en galère comme tout le monde, une autre galère c’est tout.
Ce n’est facile pour aucun gamin.
Je ne pense pas qu’il y ait une échelle de la souffrance.
Dans ma petite réalité, j’ai vu plus de gens mourir dans des environnements privilégiés que le contraire.
Mais c’est peut être juste la représentation de ma petite réalité à moi et de mes certitudes.
Je pensais sincèrement me rebeller contre cette masculinité.
Je pensais créer un chemin différent, ne pas être d’accord.
J’étais un ado, donc forcément, j’étais CONTRE.
Contre quoi je ne sais pas, j’étais contre tout.
J’étais même contre moi-même.
Je voulais m’échapper de ce corps, de cette vie, de cette société.
Je n’ai pas vraiment bien vécu la période de l’adolescence.
Puis j’ai grandi et on m’a dit : trace ta vie et réussis, comme un vrai mec
Et j’en avais marre de ne rien avoir de ce que je voulais et de souffrir tout le temps de ma conception du monde.
Alors j’ai essayé d’être un vrai mec. Un mec toxique.
J’ai fait de la musculation et des sports de combat de garçon.
J’ai séduit les filles.
Je suis devenu plus dur.
J’ai commencé à avoir des projets pro.
J’ai parlé d’argent.
Je suis devenu un cliché pour me protéger de ce que j’étais avant ça.
Est-ce que j’étais plus heureux ? Certainement pas.
J’étais un singe qui en avait marre de grimper aux arbres et qui essayait de se frayer un chemin à nager au milieu des poissons.
Ça ne pouvait pas marcher.
J’ai mis encore 10 ans de plus pour me trouver une tribu qui me correspondait un peu plus.
Des personnes qui s’interrogeaient sur le monde comme moi, des entrepreneurs, des gens plus conscients ou qui du moins, veulent l’être.
J’ai mis 10 ans depuis l’adolescence pour me sentir un peu plus moi et un peu plus à ma place quand j’étais entouré des autres.
J’ai petit à petit eu besoin de moins d’alcool, moins de drogue, moins d’égo pour vivre avec les autres tout en protégeant ce que j’étais au fond de moi.
Je me souviens d’un ami qui me connaissait bien et qui me disait : mais comment fais-tu pour naviguer avec autant de facilité au milieu de tout ça ?
L’alcool.
C’est ce que j’ai répondu.
L’alcool était alors mon lubrifiant social.
Ça éteint le cerveau, ça fait ressortir la partie animale, celle qui réfléchit moins.
Celle qui n’a pas peur d’être jugé ou rejeté.
Et du coup la vie est plus facile.
Sauf que ce qui te sauve un temps peut aussi se retourner contre toi le lendemain.
L’animal qui se cache en toi n’a pas sa place partout dans le monde.
Et c’est bien normal.
C’est même très bien comme ça.
Je ne voudrais pas vivre toute ma vie dans une tribu de singes ou parmi les loups.
D’ailleurs j’suis pas sur qu’on parle de tribu pour les singes.
Pourtant pour les hommes s.
Et à ce moment là, alors que j’essayais toujours de me construire et savoir qui j’étais, mais surtout qui je voulais être dans ce monde, ça s’est encore acceleré.
Il y a eu internet, les réseaux sociaux les blogs, YouTube, le monde qui dénonce, le monde qui met en lumière et qui se bat.
Puis on m’a dit : tu es un agresseur, tout ce que tu as appris jusqu’ici était toxique, tu dois faire mieux
Les premières fois que ces questions sont arrivées jusqu’à moi, j’ai pris une patate dans les dents.
D’abord on se défend : non, moi je ne suis pas comme ça, je n’ai jamais fait ça.
Et puis petit à petit tu réfléchis.
Si, tu l’as fait aussi.
Tu as participé à tout ça.
Tu as participé aux différences de genre, tu as joué le jeu.
Les jours où tu n’étais pas un acteur de tout ça, tu étais au mieux un collabo.
Mais en même temps, qui t’avait prévenu ?
Comment tu pouvais savoir ?
Tu mêles alors culpabilité et colère.
Culpabilité parce que tu comprends la souffrance en face de toi et ce que tu as fait pour la créer ; mais aussi en colère parce que bordel, personne t’a appris.
Comment je pouvais savoir moi si tous mes modèles font pire que moi ?
Et maintenant, à presque 30 ans on me dit que ce que j’ai construit les 30 dernières années est mal et que j’étais un agresseur ?
C’est dur à entendre.
Ton égo et ce que tu avais défini comme ton identité s’effritent un peu.
C’est bien d’ailleurs.
Tu comprends que l’identité ce n’est rien de figé.
Ce n’est rien de plus qu’une version de toi que tu as créé dans ta tête et qui ne tient à rien.
Mais c’est difficile.
Alors tu te bats pour être mieux.
Pour être parfait.
Parce que de toute évidence être toi ne suffit pas.
C’est horrible comme phrase.
MOI est tellement conditionné par la société toxique, que moi est un danger pour autrui et une personne à abattre.
Du moins c’est ce que tu ressens.
Ce qui es bien quand tu commences ta phrase par « je ressens que », c’est que personne ne peut te donner tort.
Une émotion est toujours légitime.
Comme ça tu peux rester dans tes petites certitudes de bourreau et de victime et ne rien changer.
Après tout, c’est légitime de ressentir ça.
A moins que….
Certains jours je n’ai pas envie de faire mieux, je n’ai pas envie de faire mal non plus.J’ai juste envie d’être imparfait et qu’on me foute la paix.
Certains jours j’ai envie de rester bien gentiment enfermé dans mon triangle de Karpman.
Tu pourras rechercher cette référence sur google, ou je te la mettrai dans les notes de l’épisode.
Certains jours j’ai envie de tout faire mal en fait.
Et j’ai envie qu’on m’aime quand même.
J’ai envie de m’aimer quand même.
De me choisir.
D’être bien avec le moins imparfait qui a été aussi construit par cette société dans laquelle je vis.
Parce que chercher PERPETUELLEMENT à être meilleur, c’est aussi être perpétuellement en conflit avec soi.
Ne pas être assez fier.
Se sentir coupable.
Peut être que la solution est autre part d’ailleurs.
Comment faire pour chercher perpétuellement à faire mieux ?
Mais aussi se pardonner et se respecter tous les jours où tu ne vas pas réussir.
Comment je fais pour vouloir être parfait, mais m’aimer parce que je ne le suis pas.
Je pense que j’ai avalé des centaines de livres de développement personnel, de psychologie et de compréhension de l’humain ; mais je n’ai toujours pas la réponse.
Je ne sais pas où elle se trouve.
Et aussi je suis content de te dire :
C’est pas grave de pas y arriver.
La vie c’est long, si on avait toutes les réponses depuis le début ; ce serait chiant.
Ou bien on serait des moines assis en tailleur en pleine contemplation.
Mais franchement, ça me donne pas envie.
A la place j’ai envie d’autre chose.
J’ai envie de me lever le matin.
D’enfiler mon costume de Jeremy imparfait qui cherche les réponses.
Qui tous les jours se lève et joue à l’humain, joue à la vie, joue à son identité, son personnage.
Et puisque c’est un jeu, tu ne peux ni gagner ni perdre.
Il n’y a pas d’enjeu si ce n’est de continuer à jouer chaque jour, et d’essayer d’y trouver le plus de plaisir possible.
Est-ce que quelque part, c’est pas ça le but de la vie ?
Simplement jouer à être un humain.
Cet épisode est bien plus personnel que ne le seront tous les autres réunis.
Je voulais juste que tu saches.
Je suis un entrepreneur qui s’en sort TRES bien
Je suis en couple avec une personne merveilleuse
J’ai de l’argent, de la liberté, je suis en bonne santé
J’ai un petit chien trop cool
Ma famille va plutôt bien et est là pour moi
J’ai tout ce qu’on peut vouloir
Pourtant certains jours je ne ressens aucune gratitude
J’ai juste l’impression de galère
J’ai juste le sentiment que Jeremy n’est pas assez, que ce n’est toujours pas la bonne personne
J’ai juste l’impression que c’est difficile et que je n’y arrive pas.
J’ai juste l’impression de me débattre.
Et ces jours là sont ok aussi.
Ce n’est pas parce que je réussis sur tous les plans extérieurs, que je n’ai pas le droit de me sentir mal à l’intérieur.
J’ai le droit d’être imparfait.
On a tous le droit d’être imparfait.
Aujourd’hui j’aimerais juste qu’on l’accepte.
Et quand je dis on, je parle bien sur de moi.
J’ai encore beaucoup de mal à accepter ce qui me sépare de ce que je veux obtenir dans la vie.
Que ce soit une émotion, un bien, une réussite.
Mais le plus drôle c’est que je ne serais jamais vraiment satisfait.
Puisque chaque réussite est éclipsée par l’objectif suivant.
Et finalement c ‘est ça le jeu et toute l’imperfection à accepter.
Les objectifs ne sont qu’une mesure arbitraire qui te sert d’excuse pour dire : je me sentirai bien après.
Je vais te dire une chose.
Pour avoir réalisé pas mal de choses que je voulais dans la vie, pour avoir grimpé quelques montagnes au sens propre comme au figuré :
Au sommet, il n’y a que toi et tous les efforts que tu as fait pour en arriver là.
Et ensuite, tu redescends comme tu étais venu.
Peut être un peu plus sage.
Ou peut être un peu plus con, et tu continues la vie, de façon imparfaite, et tu ne seras toujours pas exactement la personne que tu veux être.
Avant l’éveil, coupe du bois, fais le job, porte l’eau.
Après l’éveil, coupe du bois, fais le job, porte l’eau.
Peu importe ta perfection ou ton imperfection en tant qu’homme, la vie continue exactement pareil.
Il n’y a selon moi, pas d’avant et d’après.
Il y a juste pendant.
Je voulais une conclusion un peu classe.
Mais il n’y en aura pas.
Tu sais ce que tu pense de ce que j’ai dit.
Je n’ai pas besoin de te résumer quoi que ce soit.
J’avais envie de te partager mes pensées et mes sentiments cette fois.
J’espère que ça a fait écho à quelque chose en toi.
A bientôt,